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La guerre informationnelle dans le cadre du conflit israélo-palestinien : le terrain numérique comme levier d’influence pour le mouvement étudiant pro-palestinien

11/7/2025

Citer cet article (ISO-690) :
Alice MAGA
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2025
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La guerre informationnelle dans le cadre du conflit israélo-palestinien : le terrain numérique comme levier d’influence pour le mouvement étudiant pro-palestinien
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CEDIRE.

Introduction

Les hashtags tels que #FreePalestine, #CeasefireNow, #StudentsForPalestine, #DivestFromGenocide, #FromTheRiverToTheSea sont devenus des outils clés du mouvement pro-palestinien. Ils donnent de la visibilité à la cause, permettent de mobiliser les soutiens et de faire circuler le récit palestinien sur les réseaux sociaux. En concentrant l’attention autour de mots clés symboliques, ces hashtags amplifient les mobilisations en ligne, tout en exposant les militants à des dynamiques de censure et de polarisation croissante des discours (1). Le conflit israélo-palestinien s’inscrit dans une longue histoire de tensions et de violences autour de territoires contestés, de droits nationaux et de revendications identitaires. Marqué par une profonde asymétrie entre les parties prenantes, ce conflit dépasse aujourd’hui le cadre militaire et diplomatique pour investir pleinement l’espace numérique. Depuis la résurgence du conflit, notamment à partir du 7 octobre 2023, la guerre informationnelle s’est intensifiée. Le numérique est devenu un terrain stratégique de confrontation où chaque camp tente d’imposer sa lecture des événements, de mobiliser les opinions et de renforcer sa légitimité (2). Les réseaux sociaux, particulièrement utilisés par la jeunesse, jouent ici un rôle central. Ce front numérique contribue à structurer la perception mondiale du conflit, tout en soulevant des enjeux de gouvernance des plateformes. Cet article propose une analyse de la guerre informationnelle liée au conflit israélo-palestinien, en l’abordant à travers le prisme de l’activisme étudiant américain, notamment depuis le mois d’octobre 2023.

La guerre informationnelle : un enjeu stratégique dans le cadre du conflit israélo-palestinien

Si l’affrontement médiatique entre acteurs pro-israéliens et pro-palestiniens n’est pas nouveau (3), il a connu une transformation profonde avec l’évolution des supports de communication. En effet, l’avènement du numérique au début des années 2000, notamment lors de la seconde Intifada, a marqué un tournant dans les modes de diffusion des récits et des stratégies de mobilisation (4). Cet événement marquant, aussi appelé “soulèvement” ou “révolte”,  a connu une recrudescence de la violence armée durant plusieurs années.

Depuis 2023, on observe une intensification inédite des contenus, des récits, des informations et des données sur les réseaux sociaux. Ces plateformes sont devenues des espaces clés de mobilisation mais également de désinformation, amplifiant la portée de la guerre narrative. Celle-ci se définit comme un type de conflit où différents acteurs s’opposent en tentant d’imposer leur version des faits, afin d’influencer l’opinion publique et de justifier leurs actions. Aujourd’hui, la guerre informationnelle est omniprésente et stratégique pour tout type d’acteurs. Cette dynamique touche particulièrement la jeunesse engagée en faveur de la cause palestinienne, qui investit à la fois les campus universitaires comme lieux symboliques de lutte, et le numérique comme levier d’influence et de visibilité (5).

La figure ci-dessous, proposée par les auteurs Roman Vykhodets et Konstantin Pantserev, permet de conceptualiser cette guerre informationnelle en la reliant à d’autres dynamiques contemporaines, comme les cyberattaques par exemple (6). Elle met en lumière les différentes sphères de confrontation activées dans le champ numérique. Dans ce contexte, la diplomatie joue un rôle crucial pour contenir les risques sécuritaires et limiter les impacts de cette guerre informationnelle sur les sociétés.

Figure : Enjeux informationnels et psychologiques dans les conflits modernes

Source : “Analyse comparative de concepts modernes de la guerre de l’information", Roman Vykhodets et Konstantin Pantserev, 2022.

La guerre informationnelle peut être définie comme une stratégie de manipulation et d’instrumentalisation de l’information, visant à affaiblir ou à déstabiliser un adversaire (7). Selon l'historien David Colon, elle constitue “le prolongement de la guerre classique par le recours à l’information”. Toutefois, il souligne que, depuis plusieurs décennies, “le champ informationnel est devenu un espace conflictuel à part entière” (8). Le journaliste Cyril Lacarrière identifie quant à lui la guerre froide comme le moment charnière ayant donné une véritable ampleur à cette forme de confrontation, qui s’est ensuite progressivement institutionnalisée à travers des dispositifs de désinformation, de propagande et d’influence (9).

Maud Quessard parle de son côté d’une véritable “guerre des récits”, visant à cibler un groupe de façon à “propager une information qui peut être subversive” (10). Aujourd’hui, les médias et réseaux sociaux sont les canaux privilégiés pour développer ces stratégies de manipulation. Israël illustre cette tendance en ayant “développé des systèmes de lutte informationnelle au niveau étatique assez performant” (11). En effet, le gouvernement israélien est en mesure de concurrencer de nombreux Etats dans le domaine cyber, notamment grâce à l’unité 8200, dédiée au renseignement et à la cybersurveillance. Doté de capacités de cyberdéfense très étendues, de nombreuses entreprises y développent des stratégies de défense remarquables (12) : on parle alors d’Israël comme d’une “cyberpuissance” (13).

Cependant, cette guerre de l’information ne se limite pas à la  manipulation de l’information ou des faits : elle repose aussi sur une confrontation active des narratifs. L’objectif des acteurs engagés, notamment les militants pro-palestiniens, est d’occuper de manière intense l’espace numérique afin de gagner en visibilité et en popularité. Dans un contexte où les autres canaux d’expression sont souvent verrouillés (les sphères politiques et médiatiques), les réseaux sociaux deviennent un outil central d’expression et de mobilisation (14).

Un terrain numérique largement investi par les étudiants pro-palestiniens

Les attaques terroristes perpétrées par le Hamas le 7 octobre 2023, qui ont causé des milliers de victimes, ont déclenché une riposte militaire d’une grande intensité de la part d’Israël. Les opérations menées par l’armée israélienne ont suscité une vague mondiale de solidarité avec la cause palestinienne, en raison de leur brutalité. Aux Etats-Unis en particulier, de nombreux étudiants ont exprimé leur engagement en occupant leurs campus universitaires. Ce mouvement, amplifié par un effet de contagion entre universités, s’est largement appuyé sur les réseaux sociaux, en tant que foyers actifs de la bataille informationnelle. Par un usage intensif des plateformes comme Instagram ou Signal, les étudiants ont su donner une visibilité forte à leurs actions et mobiliser une partie significative de la jeunesse américaine. Leurs revendications ont notamment ciblé les relations entre les Etats-Unis et Israël, mais aussi, de manière plus directe, les liens entre leurs universités et des entités israéliennes (15). Les étudiants américains dénoncent en grande partie les partenariats entretenus par leurs universités avec des entreprises qu’ils jugent problématiques. A titre d’exemple, la société Lockheed Martin, spécialisée dans l’industrie de l’armement qui entretient des partenariats avec des écoles d'ingénieurs, a particulièrement attiré l’attention des étudiants, en raison de l’approvisionnement en armes et en avions de combats à l’armée israélienne (16). En se positionnant comme porte-parole de la cause palestinienne, les étudiants dénoncent alors la complicité supposée des acteurs pro-israéliens avec ce qu’ils qualifient de génocide à Gaza (17). Dans le prolongement numérique de leur mobilisation physique, les réseaux sociaux jouent un rôle stratégique : ils cristallisent les tensions et deviennent le théâtre d’une guerre d’influence. Les administrations américaines ont pour la grande majorité adopté une posture de prévention et de neutralité face aux mobilisations. Ainsi, nous avons pu remarquer plusieurs interventions policières aux abords de plusieurs campus dans l’objectif de démanteler les campements et empêcher des manifestations de se reproduire, pour des raisons de sécurité (18). Face à l’inefficacité perçue de leurs actions sur les acteurs décisionnels, les étudiants ont donc cherché à élargir leur audience afin de renforcer leur impact, rendant la maîtrise des stratégies numériques essentielle.

Les collectifs Students for Justice in Palestine et Palestinian Youth Movement ont été particulièrement actifs durant les mobilisations pro-palestiniennes de 2024, notamment à travers leur présence sur le réseau social Instagram. En relayant régulièrement les publications d’autres collectifs, les étudiants apparaissent comme un mouvement uni, solidaire et structuré. Souvent diffusés sous la forme d’affiches visuellement percutantes, leurs messages visent à mobiliser massivement en rassemblant autour de la cause palestinienne. Les figures présentées ci-dessous illustrent cette volonté fédératrice des étudiants engagés.

Figures : Publications d’un collectif pro-palestinien sur Instagram

   

Source : Philly Palestine Coalition (Instagram)

Ce mouvement s’est renforcé autour de symboles forts, à commencer par le drapeau palestinien, mais aussi un emblème plus inattendu : la pastèque. Utilisée tant lors des manifestations physiques que dans l’espace numérique, cette dernière est devenue un symbole de ralliement largement partagé sous forme d’emoji. En effet, les couleurs de la pastèque (rouge, vert, noir, blanc) correspondent à celles du drapeau palestinien. Elément plus subtil que le drapeau palestinien, l’usage de l’emoji pastèque s’est intensifié depuis qu’Israël a interdit l’affichage du drapeau palestinien à Gaza et en Cisjordanie (19), faisant de la pastèque un symbole discret mais puissant. D’après l’organisation Human Rights Watch, l’utilisation de l’emoji du drapeau palestinien a subi une censure sur les réseaux sociaux et précisément sur Instagram (20). Cela peut expliquer l’utilisation intense de cet emoji, en réponse à ces tentatives de censure numérique.

Au-delà de leur fonction logistique, les réseaux sociaux jouent un rôle crucial dans la documentation en temps réel de la guerre à Gaza ainsi que des mobilisations étudiantes. Ces comptes militants agissent comme des relais d’information locaux, nationaux et internationaux, en relatant à la fois les actions passées et les mobilisations à venir. Les manifestations sont fréquemment retransmises en direct via des vidéos ou des lives, permettant une participation à distance, sous forme d’engagement par procuration numérique (21). Par ailleurs, certaines plateformes sont privilégiées pour leur utilité spécifique. TikTok, en raison de son fort potentiel de viralité, permet une large diffusion des contenus militants. Une étude de l’Université Northeastern aux Etats-Unis met en évidence que le contenu pro-palestinien est largement plus répandu que les publications pro-israéliennes sur TikTok (22). Tandis que Signal, messagerie chiffrée, est utilisée pour organiser les actions tout en préservant l'anonymat des participants. Dans un contexte de surveillance accrue, cette stratégie numérique devient un outil essentiel pour mobiliser, protéger et faire perdurer la contestation.

Une bataille des récits aux stratégies divergentes

Les discours et informations diffusés sur les réseaux sociaux sont portés par une pluralité d’acteurs, aux positions antagonistes. Les étudiants, figures centrales de ce mouvement, se retrouvent au cœur de critiques émanant de la sphère politico-médiatique. Dans le cas où les élites politiques américaines, de manière quasi-transpartisane, réaffirment leur soutien à l’Etat d’Israël, il devient difficile pour les dirigeants universitaires de se montrer conciliant à l’égard des étudiants mobilisés. Sous peine d’être accusés de faiblesse ou de complicité, ils optent pour une stratégie qui vise à les délégitimer (23).

C’est dans cette logique que Donald Trump a multiplié ses menaces à l’encontre des étudiants pro-palestiniens, les assimilant à des partisans du Hamas. Il a d’ailleurs cherché à intimider la prestigieuse université Harvard, accusée d’avoir été trop laxiste face au danger de l’antisémitisme sur les campus. Depuis plusieurs mois, Donald Trump  exerce une pression constante sur la communauté universitaire, notamment via sa propre plateforme Truth Social (24). Créée à la suite d’un bannissement de Twitter (renommée X), cette application revendique une approche décomplexée de la liberté d’expression. Trump y publie quotidiennement et sans filtre, des messages qui oscillent entre opinions personnelles, injonctions politiques et dénonciations virulentes. Durant ces manifestations, le gouvernement Trump, soutenu par une majorité d’entités pro-israéliennes, a engagé des pressions financières envers plusieurs universités américaines. Bien que la plupart des universités soient financées en grande partie par des dons privés, la volonté de geler les subventions fédérales destinées à ces institutions marque un tournant pour la communauté universitaire américaine, qui voit la liberté d’enseigner, de transmettre et de s’exprimer en péril. La pression exercée sur les étudiants étrangers a également été pointée du doigt : depuis l’investiture de Donald Trump en janvier 2025, nous avons pu observer de nombreuses interventions policières visant des étudiants engagés pour la cause palestinienne (25). Cette stratégie de communication alimente une peur de l’engagement ainsi qu’une bataille intense des récits, où chacun cherche à légitimer son discours.

Parallèlement, le gouvernement israélien ne reste pas en retrait dans la bataille informationnelle. A travers le compte X (anciennement Twitter) du ministère des Affaires étrangères et via une stratégie de communication connue sous le nom de hasbara (signifiant “explication” en hébreu), Israël déploie une diplomatie numérique active (26). Cette stratégie vise à justifier ses actions militaires en les inscrivant dans un narratif de légitime défense, dans le but de rallier l’opinion internationale à sa cause.

Ce discours est souvent relayé ou renforcé par des médias alignés au gouvernement israélien : des organisations comme l’Anti-Defamation League ou le American Jewish Committee jouent un rôle clé dans la dénonciation des mobilisations pro-palestiniennes (27). Leurs critiques s’appuient fréquemment sur des généralisations, associant l’ensemble des mobilisations à un soutien au Hamas et à l’antisémitisme. Bien qu’il existe, dans tous les camps, des discours radicaux et des individus extrémistes, cet amalgame constitue une erreur d’analyse majeure. Si les publications violentes du Hamas, notamment d’enlèvements diffusées sur les réseaux sociaux, légitiment les inquiétudes sécuritaires d’Israël et de ses alliés, il est crucial de rappeler qu’elles émanent d’une minorité et ne sauraient résumer l’ensemble du mouvement pro-palestinien.

Face à la domination du récit pro-israélien dans les sphères politiques et médiatiques occidentales, les acteurs pro-palestiniens investissent les réseaux sociaux en adoptant une stratégie de communication à forte charge émotionnelle. Le média Al Jazeera, en particulier, joue ici un rôle crucial. Il met en lumière les conditions de vie dramatiques dans la bande de Gaza et dénonce les opérations militaires israéliennes depuis l’occupation des territoires palestiniens. A travers des images et des vidéos souvent poignantes (civils blessés ou morts, familles endeuillées, quartiers en ruine), Al Jazeera offre une perspective alternative pour les étudiants pro-palestiniens et pour le mouvement pro-palestinien dans son ensemble. Accusé par certains de prendre un parti, ce média reste une source d’information majeure pour de nombreux étudiants, qui s’informent via les réseaux sociaux.

Les stratégies numériques de ces militants ne se limitent d’ailleurs pas à la dénonciation : elles visent également à sensibiliser à travers des contenus éducatifs retraçant l’histoire de la Palestine et les conséquences de l’occupation israélienne (28). Ce registre pédagogique et émotionnel permet à ces acteurs de construire un discours informatif et mobilisateur. L’exposition intense d’images, parfois insoutenables, reflète la réalité brutale du terrain, tout en agissant comme un levier d’indignation et d’empathie.

Les étudiants engagés trouvent également un appui important auprès de certaines figures publiques. Par exemple, la mannequin d’origine palestinienne Bella Hadid, affiche depuis plusieurs années son engagement pour la Palestine sur les réseaux sociaux. Suivie par près de 60 millions de personnes sur Instagram, elle publie régulièrement des informations à propos de l’évolution du conflit et de ses conséquences humanitaires (29). Grâce à sa visibilité, elle participe activement à la légitimation du mouvement pro-palestinien auprès d’un large public. Certaines personnalités vont plus loin en relayant des campagnes de financement participatif destinées aux familles palestiniennes. De nombreuses cagnottes ont vu le jour dans les semaines suivant la riposte militaire israélienne, visant à soutenir financièrement les habitants de Gaza. Ces appels à la solidarité reposent sur une logique algorithmique du “likez, commentez, partagez” qui devient une injonction virale pour maximiser la portée des publications et par conséquent, des dons. Il s’agit alors d’une nouvelle forme de mobilisation humanitaire, en ligne (30).

Un autre événement symbolique a récemment attiré l’attention de l’opinion publique : la traversée du bateau Madleen surnommé “la Flottille de la liberté”.  A bord, des militants ont documenté leur avancée en temps réel sur les réseaux sociaux, mobilisant ainsi une large partie de la jeunesse présente sur le numérique (31). Cette opération avait pour objectif d’alerter la communauté internationale sur les massacres commis à Gaza et d’obtenir la fin du blocus israélien. Bien qu’elle ait suscité de vives critiques, certains y voyant une simple manœuvre médiatique, l’initiative a néanmoins rencontré un large écho à travers une attention politique intense.


Figure : Tableau comparatif des capacités d’actions numériques des acteurs liés à la guerre informationnelle du conflit israélo-palestinien

Source : Alice Maga, CEDIRE, 2025

Un engagement pro-palestinien au coeur de tensions géopolitiques : les dangers des plateformes numériques

L’engagement intense en faveur de la cause palestinienne entraîne de nombreuses répercussions, tant pour les actions militantes que pour les individus perçus comme liés à Israël. Sur les campus américains, beaucoup d’étudiants juifs ont vécu ces mobilisations comme des attaques ciblées. Depuis la résurgence du conflit israélo-palestinien, le nombre d’actes antisémites a fortement augmenté (32) : la circulation de discours violents et haineux sur les réseaux sociaux a contribué à amplifier un climat de haine envers les personnes juives, qu’il convient de distinguer de l’armée israélienne ou des dirigeants politiques israéliens.

Ainsi, ces plateformes numériques, sur lesquelles de nombreux médias et journaux diffusent leurs contenus, jouent un rôle central dans l’intensification des dynamiques de polarisation et de la violence symbolique. Certains acteurs médiatiques affirment clairement leur appartenance idéologique, remettant en question la notion de neutralité et d’objectivité journalistique. Les biais journalistiques peuvent en effet influencer la perception de la situation géopolitique, notamment chez les jeunes, plus vulnérables à une lecture émotionnelle ou univoque des événements. Des médias comme Al Jazeera et Times of Israel, publient des contenus particulièrement émouvants, qui provoquent indignation, empathie ou colère. Cette forme de communication soulève ainsi des questions éthiques quant à la responsabilité des diffuseurs d’information. La difficulté à vérifier les sources, notamment en raison de l’impossibilité d’accéder à la bande de Gaza pour de nombreux journalistes, ne doit pourtant pas dispenser les médias de respecter les standards de rigueur et de professionnalisme attendus.

Ainsi, les réseaux sociaux contribuent à radicaliser les discours et à renforcer les clivages. Le phénomène de atrocity propaganda, fréquemment mobilisé par les deux camps dans le cadre du conflit israélo-palestinien, repose sur la diffusion massive de contenus visuels ou narratifs choquants destinés à frapper les esprits (33). L’objectif principal est d’influencer les perceptions en présentant l’adversaire comme un meurtrier et agresseur (34). Dans certains cas, les accusations sont ultérieurement démenties, mais l’impact émotionnel initial demeure. Alimentés par les algorithmes et les bulles de filtrage, les contenus circulent au sein d’écosystèmes fermés où les points de vue contradictoires sont peu représentés. Cette consommation enfermée expose les étudiants à de nombreuses conséquences : radicalisation et polarisation intense du débat. Les émotions, rapidement et massivement relayées, façonnent les représentations d’une partie de la jeunesse (35).

A ces dynamiques s’ajoute un facteur aggravant : le recours à l’intelligence artificielle. En effet, l’IA occupe une place profondément ambivalente puisqu’elle peut être utilisée à des fins de sensibilisation ou de désinformation. Du côté pro-palestinien, certains acteurs s’en servent pour produire massivement des contenus à forte charge émotionnelle ou idéologique, dans le but de rendre moins visibles les discours favorables à Israël. Un autre exemple à soulever est l’interruption des programmes télévisés aux Emirats arabes unis par des hackers. Ce piratage informatique avait pour objectif de diffuser un reportage de Gaza et un discours pro-palestinien, prononcé par un journaliste généré à l’IA. Cette opération, qui touche directement les foyers, a été attribuée à des groupes iraniens (36) : elle illustre la volonté de certains acteurs d’exercer une influence sur l’opinion publique. En réponse, les activistes pro-israéliens cherchent à diluer le récit pro-palestinien, en insistant notamment sur la question des otages détenus par le Hamas.

Cependant, l’usage malveillant de l’intelligence artificielle soulève des préoccupations majeures. Des images truquées ou falsifiées ont massivement circulé sur les réseaux sociaux et leur degré de réalisme a contribué à brouiller la frontière entre fiction et réalité. Cette manipulation visuelle alimente une guerre des perceptions, où deux visions du conflit s’opposent. Cette lecture binaire accentue les divisions et contribue à une polarisation de plus en plus intense et violente. Ce phénomène a pu être observé sur des plateformes comme Instagram, où certains contenus générés par l’IA ont été partagés des millions de fois via des stories. En réponse au visuel “All eyes on Rafah”, des militants pro-israéliens ont eu recours à l’IA pour diffuser des visuels avec le slogan “Bring them home now”, en soutien aux otages israéliens (37). Ce duel symbolique et médiatique illustre à quel point les outils technologiques sont devenus des armes stratégiques dans les conflits contemporains.

Figures : Publications générées à l’IA destinées à être partagées sur Instagram

Source :Instagram

Par ailleurs, la publication virale “All eyes on Rafah” a suscité une controverse parmi les militants pro-palestiniens. Beaucoup ont reproché d’apaiser ou de diluer la réalité dramatique de la guerre à Gaza, en proposant une image esthétiquement lisse et déconnectée des souffrances vécues par les gazaouis. Cette image générée par l’IA a été perçue comme une forme “d’aseptisation” du conflit (38). Pourtant, elle a été partagée plus de 40 millions de fois sur Instagram, qui s’explique notamment par sa capacité à capter l’attention. En effet, ce contenu est diffusé auprès d’un public plus large, sans heurter les règles de censure des plateformes ainsi que la sensibilité des utilisateurs (39).

La prolifération de ces images s’ajoute à une bataille permanente sur les réseaux sociaux entre les soutiens à Israël ou au peuple palestinien. Ainsi, ce phénomène souligne la manière dont les technologies sont en mesure d’influencer le discours politique en ligne. Tous ces éléments sont fortement liés à la désinformation et la mésinformation sur les réseaux sociaux, phénomène qui implique des mauvaises interprétations et manipulations de l’opinion. Qu’il s’agisse de contenus générés par l’IA ou de fausses informations diffusées sur les réseaux sociaux, cela contribue à un scepticisme quant à la véracité des informations. Les contenus générés par l’IA participent à un environnement où la désinformation devient omniprésente. Selon le Pew Research Center, les jeunes Américains déclarent s’informer principalement via les réseaux sociaux (40) : ce brouillage informationnel alimente des discours extrémistes ou complotistes. Dans ce contexte polarisé, les récits antagonistes se diffusent sous la forme de hashtags emblématiques tels que #GazaUnderAttack ou #IsraelUnderAttack ou encore #PrayersForIsrael contre #PrayersForPalestine. Face à cette opposition entre deux vérités émotionnelles, le fact-checking devient nécessaire. L'authenticité des sources est importante à prendre en compte, tout comme le contexte du contenu, avant de se former une opinion ou de le partager. Le risque, d’ores et déjà une réalité, est d’attirer davantage d’utilisateurs vers les extrêmes, l’instrumentalisation des informations ou encore la simplification des récits et des événements.

La vérification des contenus s’avère parfois complexe, notamment en raison du manque d’accès direct à certaines zones de guerre. En effet, peu après les attaques du 7 octobre, les dénonciations des opérations militaires israéliennes ont été accompagnées d’une critique de la communication des ministères israéliens pour justifier l’invasion de la bande de Gaza (41). La propagation intense de ces contenus entraîne alors un danger réel sur les perceptions du conflit, où certains protagonistes peuvent prendre plus facilement parti ou croire des informations mensongères (42).

La bataille de l’image et de l’émotion s’est également intensifiée dans la couverture médiatique de la situation à Gaza. Des responsables israéliens ont notamment accusé des Palestiniens de manipuler l’opinion publique en mettant en scène la souffrance des civils pour susciter l’empathie. Ces accusations ont donné lieu au terme Pallywood (contraction de Palestine et Hollywood), utilisé pour dénoncer ce qui serait une “industrie de la désinformation” orchestrée par le Hamas (43). Ce terme, apprécié ou critiqué, s’inscrit dans une bataille narrative qui vise à délégitimer le peuple palestinien. Parallèlement, les actions de soutien à la cause palestinienne doivent faire face à d’importants obstacles numériques. De nombreux activistes ont dénoncé la censure exercée par des acteurs puissants comme Meta (Facebook, Instagram, Whatsapp). A titre d’exemple, la suppression de contenus pro-palestiniens a été jugée arbitraire et injustifiée par les militants. L’organisation non-gouvernementale Human Rights Watch a documenté plusieurs actes de violations des droits numériques de militants et d’activistes (44). Ces phénomènes accentuent la méfiance vis-à-vis des informations circulant sur le terrain numérique, ce qui brouille la frontière entre propagande, activisme et désinformation. Cela représente finalement un danger pour les journalistes et contribue à une méconnaissance de la présence d’informations mensongères.

La nécessité d’une diplomatie numérique

La guerre informationnelle qui se joue aujourd’hui dans l’espace numérique a atteint un niveau de danger inédit, en raison de l’intensité et la rapidité de la circulation des contenus. Face à cette situation, il devient urgent de prévenir, sécuriser et encadrer ces espaces de communication qui influencent l’opinion publique, en particulier les jeunes générations. Ainsi, pour y parvenir, la mise en place d’une souveraineté et d’une diplomatie numériques constitue un levier stratégique. Il s’agit d’adopter des politiques publiques et internationales capables de répondre aux dérives informationnelles et aux manipulations.

Cette guerre des récits oppose des acteurs profondément asymétriques : les étudiants, militants et activistes pro-palestiniens souvent dépourvus de relais institutionnels et médiatiques puissants, font face à l’Etat d’Israël, doté d’une influence et de moyens technologiques et stratégiques avancés. Cette asymétrie contribue à l’invisibilisation ou à la délégitimation de certaines mobilisations. A cela s’ajoute une insécurité numérique croissante, qui dissuade de nombreux militants de s’engager. En effet, plusieurs étudiants engagés ont vu leur bourse d’étude supprimée pour leurs prises de position sur les réseaux sociaux ou sur les campus universitaires (45). Cette insécurité est accentuée par la modération biaisée de certaines plateformes. Par exemple, Tik Tok a été accusée de bannir à plusieurs reprises des contenus pro-palestiniens en raison du non-respect des règles de la plateforme (46). Par ailleurs, les propos problématiques en hébreu ne seraient pas censurés contrairement aux propos prononcés en arabe. Cette différence de traitement soulève des interrogations sur l’impartialité des règles de modération mais illustre également le pouvoir d’action et d’influence que détient Israël.

L’espace numérique, censé être un lieu d’expression et de communication, se transforme ainsi en un espace à haut risque. Malgré les efforts de fact-checking des plateformes, le problème central reste celui de la modération algorithmique, souvent opaque et arbitraire. Le cyberespace, en tant qu’amplificateur émotionnel, est exposé aux fake news, aux discours haineux et à la censure. Cela rend l’environnement informationnel particulièrement instable et anxiogène. Ainsi, les responsabilités des gouvernements, des entreprises technologiques et des médias sociaux sont essentielles.

La création d’un cadre juridique national et international, incluant des mécanismes de régulation algorithmique représenterait une avancée essentielle. Une coopération transnationale pourrait également favoriser l’élaboration de normes éthiques partagées, dans le respect des droits numériques. A titre d’exemple, l’UNESCO est à l’origine d’une recommandation sur l’éthique de l’intelligence artificielle, adoptée par 193 États membres en 2021, visant à protéger les droits humains et la dignité.

Enfin, un axe central réside dans l’éducation. Les citoyens doivent être sensibilisés aux enjeux liés à l’utilisation du numérique dès le plus jeune âge. L’accès précoce à l’information expose la jeunesse à des récits polarisés et parfois falsifiés, sans qu’ils disposent d’outils leur permettant de prendre du recul. Former les jeunes à un usage éclairé et responsable des réseaux sociaux est donc une priorité pour prévenir la manipulation des opinions et encourager une culture du débat fondée sur des faits vérifiés (46).

Conclusion

Les mobilisations étudiantes pro-palestiniennes illustrent la manière dont l’espace numérique, sans frontières ni régulation claire, est devenu un champ de bataille informationnel. Si la jeunesse parvient à peser dans le débat public grâce aux réseaux sociaux et aux mobilisations sur les campus universitaires, ils font face à une asymétrie des moyens, qui entraîne une délégitimation de leurs actions et une forte polarisation. L’information est finalement devenue un levier de pouvoir et les mobilisations étudiantes, à la fois actrices et victimes de cette guerre des récits, en sont un révélateur essentiel. L’historien David Colon considère que l’information est aujourd’hui devenue un pouvoir en soi ainsi qu’un levier de puissance dans les relations internationales (47). Ces mobilisations étudiantes s’inscrivent dans une lutte plus large où chaque message, image ou slogan devient un outil stratégique dans une guerre symbolique. Pourtant, la jeunesse américaine engagée reste exposée à de nombreux risques : violence, isolement, division, méfiance, radicalisation… ce qui peut limiter leurs capacités d’action et de légitimation.

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  3.   Sieffert Denis, La nouvelle guerre médiatique israélienne, Paris, la Découverte, « Cahiers libres », 2009.
  4.    Sieffert Denis et Dray Joss, La guerre israélienne de l’information: désinformation et fausses symétries dans le conflit israélo-palestinien, Paris, Éd. la Découverte, « Sur le vif », 2002.
  5.    Taub Amanda, « Why Gaza Protests on U.S. College Campuses Have Become So Contagious », in The New York Times, 26 avril 2024.
  6.       La guerre mentale - la guerre cognitive à la russe, Info Ops France, 27 janv. 2023.
  7.       Pélopidas Benoît et Ramel Frédéric, Guerres et conflits armés au XXIe siècle, Paris, Les Presses de SciencesPo, « L’enjeu mondial », 2018.
  8.        « La guerre de l’information » - 4 questions à David Colon, https://www.iris-france.or

g/182662-la-guerre-de-linformation-4-questions-a-david-colon/, 2 février 2024, consulté le 2 juin 2025.

  1.        La guerre informationnelle, https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/zoom-zo

om-zen/zoom-zoom-zen-du-jeudi-08-juin-2023-5535922, 8 juin 2023, consulté le 4 juin 2025.

  1. Ibid.
  2. Ibid.
  3. Cohen Matthew S., Freilich Charles D. et Siboni Gabi, « Israel and Cyberspace: Unique Threat and Response », in International Studies Perspectives, 29 décembre 2015.
  4. Condominas Baptiste, « Comment Israël s’est imposé en tant que «cyberpuissance» », in RFI, 4 mars 2023.
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La guerre informationnelle dans le cadre du conflit israélo-palestinien : le terrain numérique comme levier d’influence pour le mouvement étudiant pro-palestinien

Depuis la résurgence du conflit israélo-palestinien, une partie de la jeunesse a massivement investi les réseaux sociaux afin de visibiliser la cause palestinienne et dénoncer les violences commises à Gaza. Leurs stratégies numériques, fondées sur l’occupation de l’espace médiatique, s’inscrivent dans une guerre de l’information où les récits s’affrontent et s'intensifient. L'analyse de ces mobilisations, sous le prisme de l'engagement pro-palestinien aux Etats-Unis, permet de déceler les conséquences de ces activités numériques.
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